Il y a des moments ou j’ai besoin de me vider la tête. D’oublier les enfants perdus et toutes leurs gamineries parfois futiles … non souvent futiles. D’oublier les pirates afin d’éviter de me prendre la tête et que ça dégénère en bataille sans fin. D’oublier Clochette et Ariel, je les adore mais ce sont des filles et elles ne comprennent pas tout au sujet des garçons. D’oublier qu’ici on est sur une île et que l’on rencontre souvent les mêmes personnes. D’oublier jusqu’à l’Ombre, je suis certain qu’elle me surveille même si elle ne se montre pas.

J’ai besoin de ces moments de solitude, ou je me retrouve face à moi-même. Peter Pan face à Peter Pan, c’est assez jouissif comme situation. Alors je file en toute discrétion sans avertir personne vers l’épave du Galion Noir. J’adore cet endroit et l’atmosphère qui s’en dégage, c’est un lieu entre réalité et rêve. Comme la plus part des endroits de Neverland. Mais le Galion Noir est une vraie légende et j’avoue que j’aime en toute tranquillité la revivre et imaginer les coups de canon qu’il a pu tirer. C’est aussi pour cela que j’ai besoin de solitude, pour croire que je suis le capitaine de ce bateau ou alors un pirate partant à son abordage. Ici Peter Pan vit pleinement ses rêves les plus fous sans que personne ne se doute de ce que ce jeu lui apporte. C’est par la voie des airs que j’arrive là. Je surveille que personne ne me suive, ou ne se trouve là quand je descends vers l’épave. Je suis seul et c’est tout ce dont j’ai besoin. Enfin il y a peut être l’Ombre dans un coin mais peu importe, elle ne me dérangera pas. Elle au moins elle respecte ma solitude, pour le moment du moins.

Je m’installe tranquillement sur le pont du navire, en faisant attention aux vieilles planches cassées. Un faux pas et je pourrais me retrouver coincé. Cette idée me fait sourire. Les embruns de la mer viennent fouetter mon visage, j’écoute le silence juste brisé par le clapotis des vagues qui se cassent sur la coque fragile du vieux navire. Seul et heureux de l’être. Mes yeux partent vers l’horizon, cherchant parfois la direction que j’ai prise il y a bien des années pour venir ici. Mais je ne m’en souviens plus, de toute façon je n’ai aucune envie de partir de Neverland. Comment aurais-je envie de partir d’ici ? Je ne pense à rien, enfin presque. Je réfléchis au mauvais tour que je pourrais faire à Hook lors de notre prochaine rencontre. Ou alors à la bêtise qui fera Hansel et qui me mettra en rogne. Je regarde la mer, une vague étrange, une sirène, non elles évitent cet endroit.  Et puis il y a ces légendes du peuple indien, qui parlent de mangeur d’enfant, de loup-garou. De quoi faire des cauchemars. Moi je n’en fais plus depuis que je suis ici, d’ailleurs je ne rêve plus non plus, en tout cas pas en dormant. Un bruit venant de derrière moi me sort rapidement de mes réflexions. Je me retourne épée à la main. « Qui est là ? » Ma voix est plutôt pleine de colère. « C’est trop demander de pouvoir avoir un moment de tranquillité. » Je suis persuadé que c’est un enfant perdu qui m’a suivi, Hansel si c’est lui il va m’entendre. A part que cela ne soit Clo, elle est du genre collante. Et si c’était Hook, ou bien un fouineur qui veut foutre en l’air ma journée. « Alors qui se montre en premier ? »