Je ne sais pas pourquoi et je n’ai jamais compris pourquoi avec Hansel cela n’a jamais collé. Je le tolère car je n’ai pas le choix. L’Ombre l’ayant choisi comme enfant perdu. Je me dois de l’accepter dans la troupe même si je ne suis pas d’accord. A vrai dire je n’ai pas spécialement mon mot à dire sur les choix de l’Ombre. J’ai toujours du accepter les compagnons qu’elle m’allouait. Parfois cela passe tout seul et de suite, parfois il faut du temps mais à force on y arrive. Et puis parfois rien n’y fait, c’est toujours la guerre à chaque geste, à chaque mot. Et avec Hansel c’est comme ça et depuis la première minute. On ne se supporte pas.

Ce n’est pas toujours facile de devoir faire avec le caractère de chacun. Même si au bout de quelque temps les souvenirs de notre passé s’estompent. Reste quand même notre personnalité. Et celle d’Hansel et la mienne ne font pas bon ménage et ce depuis le début. J’ai l’impression qu’il fait tout de travers, et pourtant je ne suis pas exigeant. Enfin un peu, mais sinon cela serait l’anarchie au sein du groupe des enfants perdus. Il y a juste quelques règles à ne pas transgresser. Quelques consignes à respecter pour la bonne marche du système.  Mais Hansel lui tout cela il l’ignore et n’allait pas encore dire que c’est moi qui n’y met pas de la bonne volonté.

Mais Hansel n’en fait toujours qu’à sa tête. Les autres parfois me disent que je suis trop dur avec lui, que je ne fais pas d’effort. Mais c’est à lui d’en faire, pas à moi. Je suis Peter Pan et je n’ai pas à me plier à sa volonté ou ses caprices. C’est comme avec les pirates, c’est moi qui mène le jeu et pas eux. C’est pour cela que j’en suis là et que personne n’a pris ou ne prendra ma place. On me dit que je suis jaloux de lui. Pourquoi serais-je jaloux ? Parce qu’il a vu d’autre monde, parce qu’il est différent des autres. Balivernes. Il est juste pénible, inconscient, perturbateur, effronté, et bien d’autre chose encore. Il n’écoute rien. Un peu comme Hook, oui Hook était comme lui la différence c’est que je l’aimais bien, enfin on s’entendait bien. Mais Hook est parti, pour mieux revenir.

Enfin revenons à Hansel. Il veut tout comprendre, tout savoir, tout expliquer. Mais il y a des choses qu’il ne faut pas chercher à comprendre, pas cherché à savoir ou à vouloir expliquer. Et à chaque fois c’est prise de tête sur prise de tête sans fin. Aucun de nous ne veut céder, de toute façon ce n’est pas à moi de jeter l’éponge. Le problème c’est que ça finit souvent dans une explosion de colère. Et que l’on ne solutionne rien, car Hansel ne veut pas admettre qu’il a tord et moi je ne peux pas lui donner raison. Souvent ça part d’une broutille, de quelque chose sans grande importance. Mais c’est plus fort que moi l’étincelle devient vite une flamme et le feu de paille un incendie de forêt. Un de ces jours cela risque de finir mal, j’en ai parlé à l’Ombre mais pour le moment je suis obligé de faire avec. Alors je fais et dés que j’ai l’occasion je le cloue aux piloris. Pas de cadeau pour Hansel, même si il est innocent c’est lui qui en prend pour son grade. Pour moi il est toujours le coupable.

Alors quand il y a un souci avec la poussière de fée, le premier que j’accuse c’est bien entendu Hansel, de toute façon cela ne peut être que lui. Borné et têtu oui je sais, mais il ne me marchera pas sur les pieds et il ne fera pas ce qu’il a envie. « Bordel Hansel, il va falloir que je te le dise combien de fois que la poussière de fée n’est pas un jouet ? » Je lui crie dessus, il sursaute presque. Faut dire qu’il n’a pas du me voir arriver, trop occuper à faire des conneries. Il n’est pas le seul sur le lieu du crime, d’autre enfants perdus sont là les mains plein de poussière de fée. Mais c’est sur Hansel que s’abat ma colère, et sur lui seul. « T’en servir pour ton bon plaisir n’est pas sa fonction. Tu peux m’expliquer ce que tu cherchais à faire avec cette poussière de fée. Tu en as plein les mains. » Mes yeux sont remplis de rage et de colère. Je ne lui laisse même pas le temps de parler, de s’expliquer. Je n’entends même pas les autres qui semblent crier son innocent. Innocent c’est impossible, Hansel ne peut pas être innocent. « Je vais faire quoi de toi ? Je crois qu’un séjour dans la Vallée Sombre ou alors dans le Château des Ombres te ferais le plus grand bien. » En tant qu’enfant perdu ces endroits sont terribles et rien que de prononcer ces mots certains frissonnent. Moi je connais l’île par cœur et ces lieux ne me font pas peur, mais je sais qu’Hansel ne voudrait pas y mettre le bout de son nez. Ou alors il serait capable de dire oui juste pour me provoquer, de toute façon il me cherche toujours des noises. « Tu perds du temps à m’expliquer, sachant que tu seras quand même puni.  Ou on choisit ta punition de suite et on passe à autre chose. » Je le regarde, les autres se taisent de tout façon ils n’ont que cela à faire. « Bien entendu si un de vous n’est pas d’accord il pourra partager le sort que je réserve à Hansel. » Nos regards ne se quittent pas le mien plein de rage et le sien plein de colère. Il m’en veut j’en suis sur. Comment pourrait-il en être autrement ?

Hansel serrait les dents. Ça faisait juste cinq minutes qu'il se prenait, encore une fois, une belle gueulante par Pan. Non mais vraiment, qu'elle idée ?! Pourquoi il avait écouté les autres ? Alors qu'il savait pertinemment que si quelque chose arrivait, c'est lui qui allait en prendre pour son grade ? Non parce qu'avec Pan, c'était constamment sa faute. À croire qu'il avait que ça à faire de l'incriminer. Oui, depuis le début entre les deux le contact n'était pas spécialement passé et depuis, c'était la guerre constante. Alors là, encore une fois, c'était sa faute, pour changer. Il n'avait même pas eu le temps d'ouvrir la bouche que la colère du roux lui était tombée dessus. Le brun soupira. Il savait que ce n'était pas une bonne idée, il l'avait dit aux autres et c'était en voulant éviter une énorme connerie qu'il se retrouvait dans cette situation. Car oui, selon les autres le roux n'était pas là et ne dirait rien car ils ne faisaient rien "d'interdit". Rien d'interdit ?! Et les fesses d'Hansel, c'était du poulet peut-être ?! Et bien sûr, aucun d'eux n'avait le courage de venir le défendre. À croire que Pan les terrorisait tous. Mais Hansel lui, n'avait pas peur de lui. Il avait peur de certaines choses oui, mais pas du roux et de ses crises de colère. Il croisa les bras et soutint son regard « Moi ? Vouloir t'expliquer ? Je ne suis pas assez stupide. Tu ne m'écoutes jamais et c'est toujours ma faute alors merci bien. De plus, je ne suis pas du tout sado-maso alors choisit là ta punition, qu'on en finisse ! » Non mais vraiment, parfois Hansel se demandait dans quel endroit il avait atterri pour devoir supporter ça tous les jours.

C'était constant, il était obligé de lui tenir tête. Impossible pour lui d'obéir à un gamin qui devait avoir presque son âge. De plus, le roux était vraiment exécrable et il se demandait pourquoi les autres enfants perdus ne réagissaient jamais. Certes, il ne le connaissait pas depuis longtemps donc ne savait pas ce qu'il avait pu faire pour eux. Mais avec un tel caractère de merde, excusez l'expression, Hansel était vraiment perdu. Sans faire de jeu de mots. « Alors, c'est bon t'as trouvé ? Histoire que tu me foutes la paix maintenant. » Oh, Hansel savait que pour se venger, il était capable de trouver une punition sortie d'un autre monde. Mais ce n'était pas comme s'il n'avait jamais payé ses "fautes". Oui, celles où il était, aux trois-quarts, innocent. Mais ça, ça ne comptait pas hein ? Quand c'est physique, c'est difficile d'arranger les choses. À chaque fois qu'ils se disputaient, ça finissait mal pour Hansel. Et chaque altercation faisait qu'il ne pouvait plus le voir. Le brun n'avait jamais détesté quelqu'un avec autant de force. Mais ce n'était pas comme si le roux essayait d'arranger les choses. Au contraire, le brun avait même l'impression qu'il prenait un malin plaisir à le mettre plus bas que terre. Nul doute, c'était vraiment un gamin. C'était peut-être facile de dire ça, mais le petit gourmand ne connaissait absolument pas la vie du roux. Et pour être honnête, il s'en fichait un peu.

 Je ne me pose même pas d’autre question pour savoir si oui ou non Hansel est vraiment le coupable. Pour moi c’est une évidence, il ne peut en être autrement. Même s’il me prouvait par A plus B qu’il n’y est pour rien et bien il en prendrait pour son grade. C’est comme ça et depuis le premier jour. Alors quand là je le chope les mains dans la poussière de fée, mon sang ne fait qu’un tour et c’est reparti pour une engueulade digne de ce nom. Et personne autour ne bouge, personne ne le défend sachant très bien que cela ne servira à rien, je suis du genre buté alors on ne me fera pas changer d’avis comme ça. Du coup je le menace, cherchant par la même occasion à le provoquer. J’adore le voir impuissant face à moi, sans aucun moyen d’échapper  à mon courroux. Faible mais pas stupide, car à chaque fois Hansel accepte et ne se rebiffe pas. Il a très bien compris que cela ne servirait à rien, sauf à accentuer ma colère et à me rendre plus dur envers lui. De toute façon personne ne s’est jamais opposé à mes punitions contre lui ou n’a essayé de le défendre. A croire qu’ils savent tous qu’en mettant Hansel en avant dans les conneries faites le vrai coupable, ou même l’instigateur ne sera jamais puni. Et ils ont raison. Chaque fois c’est lui qui morfle et je ne cherche même pas à savoir s’il est victime d’un genre de complot. Non il est coupable point barre.

Alors Hansel laisse tomber les armes bien vite, il ne veut pas en prendre plus que ce qu’il va recevoir. Et moi cela me contente. J’ai besoin de le dominer, c’est plus fort que moi et c’est juste avec lui que je suis comme cela. Les autres je les punis, mais je passe outre après, j’essaie de comprendre aussi. Mais avec Hansel, non. Parfois je me demande pourquoi je suis comme cela avec lui, mais vu le plaisir que cela m’apporte je ne cherche jamais à aller ou bout pour savoir le pourquoi du comment de mon comportement. « Dommage que tu ne sois pas sado-maso … » Je m’approche de lui. « Je voudrais voir ce que cela donnerait avec un peu de résistance. » Mon regard est froid et menaçant, il sait qu’au moindre faux pas les autres seraient prêts à lui sauter dessus. J’ai l’apparence d’un enfant mais dans ces moments là, je suis bien plus qu’un démon et la peur se lit sur les visages de ceux qui nous entourent. Ils savent très bien de quoi je suis capable et où je serais prêt à aller pour imposer la loi de Pan. « Tu es pressé de savoir Hansel. Et si on faisait durer le plaisir, juste comme ça … » La phrase qu’il vient de prononcer me donner plus envie de faire trainer les choses que de lui dire là tout de suite ce qui me passe par la tête. Je sais que de cette façon je vais attiser sa haine envers moi. Et cela me rend heureux, sa rage et sa colère pourraient un jour lui faire faire un faux pas et cela serait encore plus amusant de le punir. « Et si on demandait aux autres ce qui verraient comme punition pour avoir oser jouer dans la poussière de fée. Après tout elle est à nous tous et je trouverais cela amusant que chacun disent ce que tu risques pour avoir fait ce que tu as fais. » Mon regard se perd dans les regards des enfants perdus qui nous entourent, la plupart baissent les yeux par crainte, par honte. Car certains sont responsables du sort de Hansel, je sais très bien qu’il n’est pas le seul coupable. Ou alors il a été poussé, ils savent tous que du moment qu’il est impliqué il prendra pour tout le monde. Puis mon regard revient sur Hansel et je le détaille avec force et sans aucune ménagement. « Je trouve que tu es un peu enrobé, un régime ne te ferais pas de mal. Ou alors un peu d’exercice. Vous en pensez quoi vous autres ? » Je le bouscule, le pousse, le maltraite, je veux qu’il réagisse, qu’il se rebiffe pour plus facilement l’abattre.

J’ai presque envie de le gifler quand je le vois ainsi, prêt à tout accepter sans au moins essayer de se défendre. Trop fragile Hansel, trop prévisible, trop sage. « Alors si je t’enfermais quelques jours dans le puits sans fond, sans nourriture, privé de la lumière du jour et de la compagne de tes chers camarades qui t’ont mis encore une fois dans le pétrin. » Cette fois je le pousse plus fort, cherchant à le faire tomber. Je suis sur qu’au fond de lui il a envie de riposter, de me sauter dessus, de me mettre une bonne raclée, mais jusqu’à présent il n’a jamais rien fait. Il a toujours tout accepté et là il continue. « Alors Hansel, tu vas chercher à te battre ou tu vas accepter encore une fois ton sort en pauvre victime que tu es. » Et je laisse mon rire éclater dans la pièce, un rire sadique et à la limite de la perversion. Je me sens si puissant face à sa détresse. « Pourquoi moi, toujours moi ? Je suis certain que c’est ce que tu te demandes. N’est ce pas Hansel ? » Je le pousse plus fort, le déséquilibrant. Dans ma tête qu’une pensé, qu’il tombe pour que je lui saute dessus. Qu’il se rebiffe pour que je lui colle une bonne branlée. Mon regard est remplit de rage. Elle emplit mon cœur et mon esprit, inondant mon corps d’une irrésistible envie de me battre. Pire de le tuer.